Le mercredi 19 avril 2006

16h - 18h, salle C-9019 (9e étage)
Pavillon Lionel-Groulx

conférence de Louise VIGNEAULT

 
 
LA MODERNITÉ ARTISTIQUE EN AMÉRIQUE DU NORD
ENTRE L'ESPACE RÉEL ET L'ESPACE IMAGINÉ

 
 
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Tom Thomson, Northern River, 1917.

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Dans le contexte de la modernité, le territoire a été le plus souvent perçu comme un ancrage duquel les artistes ont tenté de s'arracher, afin d'embrasser les idéaux universalistes. Entre le besoin d'illustrer leur culture d'appartenance et la dénonciation du culte rendu à cette culture, ces derniers se seraient plutôt appliqués à émigrer pour mieux se constituer. Ce mouvement centrifuge semble avoir connu une certaine plénitude dans le contexte nord-américain où le continent a été longtemps abordé comme un lieu de rupture, de confrontation avec l'inconnu, mais également, de potentialité. Suivant cette réalité, notre démarche de recherche consiste d'abord à questionner la manière dont ce point de contact de l'individu avec le territoire et l'altérité auraient engendré les différentes cultures nord-américaines et leurs mythologies. Les études comparatives menées notamment par les historiens Gérard Bouchard et Yvan Lamonde, ainsi que par des spécialistes des études littéraires - comme Maurice Lemire, Jean Morency, Jean-François Chassay ou Patrick Imbert - nous ont récemment éclairés sur les confluences imaginaires de l’expérience nord-américaine. Ces recherches ont alors permis de surpasser la stricte question des contacts ou des influences entre les créateurs états-uniens, canadiens et québécois. Ils ont également fourni un terrain méthodologique fertile afin de réfléchir sur les possibles incidences de ces imaginaires sur le développement des arts visuels, sur la manière dont les créateurs auraient transposé certaines données de cette expérience dans le médium pictural, médium de prédilection de la modernité artistique occidentale.

Au cours des décennies 1910, à la veille de la Première Guerre mondiale, au moment où le Canada visait une certaine autonomie par rapport au pouvoir britannique et commençait à s’interroger sur son identité nationale, les artistes du Groupe des Sept (dont faisait partie Tom Thomson) représentaient le territoire en tentant pour la première fois de lui insuffler une dimension culturelle, de le considérer comme un des principaux déterminants de l'identité canadienne.

Ils ont alors présenté la réalité territoriale essentiellement sous les traits d’une nature vierge et nordique 

Les traits de nordicité avaient l’avantage de fournir un dénominateur commun entre les provinces qui s’échelonnaient de l'Est à l'Ouest ; et permettait aussi de marquer une distinction avec la réalité états-unienne et britannique.

Alors que les traits de virginité permettaient de niveler les différences culturelles qui caractérisent la mosaïque canadienne, comme l’avait souligné il y a quelques années mon collègue F-M Gagnon.

Leurs œuvres ont été récupérées au cours des années 1920 par le discours nationaliste.

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