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                Le nomade est l’être de la route, celui qui choisit 
                de vivre “on the road”. Au sens ethnologique du terme, 
                le nomade se distingue de l’errant par le fait que son déplacement 
                n’implique pas l’écart par rapport à 
                un chez-lui. Il se déplace tout comme l’errant mais 
                son déplacement ne se fait pas par rapport à un 
                lieu de départ ou d’arrivée: il est en rapport 
                étroit avec la route. Si cette nécessité 
                de se déplacer peut avoir des racines politiques, socio-économiques 
                ou historiques, elle peut aussi avoir une origine intérieure. 
                
 De nos jours la large conceptualité qui tend à se 
                développer autour du terme définit le nomade comme 
                un être qui fait sa demeure du voyage. Son refus de sédentarité 
                et son déracinement sont vécus non comme une privation 
                mais comme un ethos. Ils tracent les contours de ce qu’on 
                appelle la “nomadité” du nomade et créent 
                l’espace de son nomadisme (A. Nouss, 2001). Cette notion 
                enrichit les conceptions plutôt figées du nomade, 
                lui donne une dimension dynamique et réflexive et nous 
                permet d’approcher le nomade comme produit de la nomadité 
                et non l’inverse.
 Pour un sujet ontologiquement attiré par le lointain, le 
                voyage et le déplacement vers l’ailleurs ne sont 
                que des modulations de la pulsion nomade et des concrétisations 
                de l’appel du Dehors auquel il doit répondre.
 Le 
                colloque se penche donc sur les liens qui prévalent entre 
                nomade, nomadité et nomadisme. Les pistes suivantes seront 
                privilégiées:  
                Quels liens se tissent alors entre nomadité et nomadisme? 
                Y a-t-il des modes de nomadité donnant lieu à différents 
                nomadismes? Et si le nomade associe son identité à 
                un non-lieu, à un non-territoire, à un horizon non 
                encore atteint, quelle est la mémoire pour cette identité 
                non renforcée par des lieux auxquels appartenir? Selon 
                quelles modalités se construit-elle si l’aterritorialité 
                du nomade implique le libre parcours? Quelle épistémé propre au nomade? Quel moyen 
                pour lui de penser le monde parcouru et parcourable? Comment se 
                traduit les aspects d’une pensée dite “nomade”?
 Quelles sont les figures du nomade? À quelles formes d’écriture 
                peuvent-elles s’attacher? À quelles lois peut obéir 
                un discours nomade? Y a-t-il lieu de parler d’une langue 
                nomade? D’une énonciation nomade? D’une philosophie 
                nomade?
 Comment le nomadisme s’inscrit-il dans l’expérience 
                exilique ou post-exilique? Et que partage le nomade avec le post-exilé, 
                celui qui a dépassé le sentiment de privation associé 
                à la condition exilique?
 Responsables : Ghada Oweiss, René La Fleur (Université 
                de Montréal)
 
 
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