| L’exil n’est point d’hier ! l’exil n’est point d’hier ! « 
                O vestiges, ô prémisses »,
 Dit l’Étranger parmi les sables, « toute chose au 
                monde m’est nouvelle!… » Et la naissance de son chant ne 
                lui est pas moins étrangère.
 Saint-John Perse, Exil, II (Gallimard, éd. de 
                1960, p. 169-170).
  Sans doute 
                fais-je un peu figure d’originale au sein de Poexil : franco-française, 
                picardo-picarde, j’ai dû parcourir entre le lieu de ma naissance 
                et celui où je réside depuis presque vingt ans… 
                45 km ! Ni polyglotte ni métisse ni nomade, je suis, parmi 
                les exilés de Poexil, la plus étrangère à 
                l’exil… Et pourtant… Si, comme j’en ai la conviction, les expériences 
                de l’expatriation, du nomadisme et de l’outre-langue sont universelles 
                en ce que, loin d’être seulement de pittoresques aléas 
                biographiques, elles sont notre condition humaine – étrangers 
                que nous sommes, à nous-mêmes, au monde et à 
                la langue –, alors ma dérive intime et mon exploration 
                de ces expériences à travers l’écriture de 
                quelques auteurs trouvent naturellement leur espace de pérégrination 
                à la croisée de Poexil.
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